A partir de ces extraits de documents, nous souhaitons vous introduire à la vie de ces villages telle qu’elle a existé pendant un millénaire jusqu’à la fin de la seconde guerre mondiale.
Au cours de vos visites, lors de vos promenades, vous imaginerez ces hommes, ces femmes rudes,
fiers et courageux qui ont arraché à la montagne les blocs de pierre pour construire avec leurs mains
et des outils rudimentaires ces villages perchés et tirer de leur environnement toutes les ressources
nécessaires à leur survie.
Les Ligures (peuples venus d’Italie) furent les premiers habitants de ces territoires au relief escarpés,
aux vallées profondes, étroites et impraticables.
Diodore de Sicile (1er S. av. J.C.) parlant des Ligures, écrivait :
« Ils habitent une terre âpre et stérile et mènent une vie dure et difficile, occupés à un travail sans fin : les habitants n’ont d’autre occupation que de casser les pierres à cause de la dureté excessive du terrain. ………
Par un labeur opiniâtre ils réussissent ainsi à forcer la nature et après bien du mal, ils en tirent une maigre pitance. »
Les maisons sont construites sur les versants sud des montagnes pour profiter d’un ensoleillement maximal et se protéger du vent. Les villages étaient des petits mondes clos où existait une authentique convivialité.
Les fêtes périodiques comportaient une fonction sociale. L’argent était rare et ne servait qu’à acheter ce qui n’était pas produit sur place comme le sel et le tabac.
Jusqu’à la création des routes dans le courant du XXème siècle, la communication, par crainte des éboulements dans les gorges, se faisait par des chemins muletiers à flanc de montagne et par des cols souvent élevés.
La vie était orchestrée par les saisons.
Le montagnard devait se déplacer au fil des saisons pour exploiter la montagne et en tirer
les moyens de sa survie.
L’économie traditionnelle de la montagne reposait sur l’agriculture et l’élevage.
Les terres basses, propices au jardinage et à la culture des céréales,
étaient travaillées dès la fonte des neiges.
Elles se trouvaient en général
assez proches du village ou du hameau.
La belle saison était celle des « remues » (changement d’habitation à l’intérieur d’un territoire)
et d’un travail incessant (s’occuper du potager, des foins, des moissons et des bêtes).
Pendant ce temps, le bétail était gardé collectivement sur les pâturages communaux par un berger
qui dormait dans la cabane d’alpage.
Le foin ramassé dans les près d’altitude était entreposé dans les fenils d’étape.
Vers la fin de l’été, les céréales étaient moissonnées et les gerbes entreposées dans les granges
en attendant d’être foulées.
A l’Automne, les bêtes redescendaient pour passer l’hiver dans les étables de moyenne altitude
ou près du village.
Lorsque tout était terminé, les céréales étaient foulées et les récoltes entreposées dans les greniers, bien au sec et à l’abri des rongeurs.
Le cycle recommençait avec le retour du printemps.
Ces travaux terminés, certains descendaient se placer dans les vallées pour améliorer le revenu de la famille.
Texte E. Afonso
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